
«Avant de parler d’exportation de produits, les services constituent toujours la première étape pour se positionner dans un pays». Cette affirmation de Nadia Yaich, secrétaire générale du Tabc, met en lumière un obstacle majeur au développement des entreprises tunisiennes en Afrique : la double imposition.
Rencontrée en marge de la conférence de presse organisée hier pour présenter le programme de la 8e édition de «Fita», Nadia Yaich, secrétaire générale du Conseil d’affaires tuniso-africain (Tabc), a souligné la nécessité de négocier des conventions de non-double imposition avec les pays africains. Objectif : améliorer la compétitivité des entreprises tunisiennes opérant dans le secteur des services sur les marchés africains.
«Avant de parler d’exportation de produits, les services constituent toujours la première étape pour se positionner dans un pays. Et l’un des principaux défis actuellement rencontrés par les entreprises tunisiennes souhaitant se développer à travers les services, c’est l’absence de conventions de non-double imposition avec plusieurs pays africains phares», a-t-elle expliqué.
Elle a ajouté que la Tunisie n’a signé ce type de convention qu’avec 15 pays africains sur un total de 54, alors même que ces pays expriment un besoin croissant en expertise et services tunisiens. «Une entreprise tunisienne est aujourd’hui doublement imposée : une première fois dans le pays où elle fournit le service, et une seconde fois en Tunisie. Cela limite fortement sa compétitivité. Dans certains cas, les taux d’imposition dans le pays d’exécution peuvent atteindre 15 à 20 %, auxquels s’ajoutent 20 % d’impôt en Tunisie.
Sans oublier la TVA parfois exigible dans le pays de consommation du service. L’imposition globale peut alors grimper jusqu’à 40 %. Ces charges se répercutent sur les prix, qui augmentent, et l’entreprise tunisienne perd en compétitivité face à ses concurrentes européennes», a-t-elle poursuivi.
Nadia Yaich a, dans ce contexte, appelé les ministères concernés — en l’occurrence les ministères des Affaires étrangères et des Finances — à se saisir de ce dossier et à accélérer les négociations sur ces conventions. «On parle aujourd’hui de 9 à 15 conventions signées sur un total de 53 pays. C’est très peu par rapport au potentiel réel. Il existe des pays avec lesquels il serait bien plus simple de nouer des accords, car ils ont besoin de notre savoir-faire. À titre d’exemple, l’unique pays africain à avoir signé des conventions de non-double imposition avec l’ensemble des 53 pays du continent est l’île Maurice», a-t-elle insisté.
Soulignant également le coût élevé de l’accès à l’information économique en Afrique subsaharienne, la secrétaire générale de Tabc a affirmé que Fita représente une véritable opportunité pour les entreprises tunisiennes et africaines. «Aujourd’hui, obtenir une information économique fiable en Afrique subsaharienne coûte cher. D’une part, il est difficile de trouver des données à jour.
C’est à l’investisseur de faire l’effort nécessaire pour accéder à l’information», a-t-elle ajouté. Selon elle, le fait que Fita puisse réunir en un seul lieu toutes les agences de promotion des investissements constitue un atout majeur. «Cela permet à une petite entreprise tunisienne de s’informer directement, sans avoir à dépenser entre 10.000 et 15.000 dinars pour se rendre dans un pays à la recherche d’informations qu’elle n’est pas certaine de trouver», a-t-elle conclu.